Une nouvelle présentation plus tendance pour la forme liquide buvable. Transfuge de l’agro-alimentaire qui fut la première à l’utiliser pour les condiments comme le ketchup ou la moutarde et le fromage frais « pocket » pour les enfants, le conditionnement de formes liquides ou semi-solides en stick-packs n’en est plus à ses balbutiements dans le monde de la pharmacie. Dans les années 2000, dix ans après le lancement des célèbres fromages frais Petits Filous tubes’ en France et Frubes au Royaume-Uni, du Gaviscon® liquide pour les problèmes gastro-intestinaux et du Ketoderm® gel pour la dermite séborrhéique, la forme stick-pack prenait son envol en Europe avec le lancement d’un grand nombre de spécialités, principalement dans le domaine de l’OTC (Over The Counter). Effet de mode ou avantages réels conférés par ce conditionnement innovant ? Quels est le véritable intérêt de la forme stick-pack ? Sécurité de la dose Plus d’un rapport émanant des institutions de santé, alerte sur le danger de mésusage des médicaments, et en particulier avec les formes orales liquides en flacon. En effet, entre les conditionnements pour lesquels l’industriel fournit le système de dosage : pipette orale, cuiller-doseuse ou petit godet, et ceux où rien n’est fourni, se pose la question du choix du bon ustensile de mesure : la cuiller à soupe de la cuisine ou la cuiller à café du service de table ? Lorsque le flacon est un flacon compte-gouttes, s’y ajoute l’inconnue du comptage du bon nombre de gouttes. Des tests réalisés avec plusieurs opérateurs ont montré que la préparation d’une cinquantaine de gouttes orales avec un flacon compte-gouttes donne des résultats très aléatoires. Et même si un récipient doseur calibré est fourni, il est parfois difficile de ne pas se tromper entre les différentes couleurs et formes de pipettes, les gobelets et cuillers où le trait de la dose n’est pas toujours bien visible. Ainsi, la dextérité et l’acuité visuelle de chaque individu donnent des résultats fluctuants quant à la précision de la mesure… Le stick-pack présente ici un avantage indéniable car la forme est pré-dosée. Il suffit de l’ouvrir et de verser le contenu dans la bouche, ou de le verser dans un verre ou un biberon, et le patient ou le soignant est sûr de la dose préparée. Dans les pharmacies de hôpitaux qui pratiquent la Dispensation Nominative Journalière (DNJ), le stick-pack est plébiscité car il permet de contrôler à 100% la dispensation des liquides buvables. Cependant, peu de médicaments existent actuellement sous cette forme et les aires thérapeutiques sont limitées à la gastro-entérologie, le traitement du rhume et plus récemment, le traitement de la douleur légère à modérée. On exclura cependant de la forme stick-pack certains traitements qui nécessitent d’ajuster la dose au dixième de millilitre, en fonction de la pathologie (pathologies psychiatriques avec les gouttes buvables) ou du poids du patient (notamment avec les les jeunes enfants). Témoin de la prise Quoi de plus perturbant de se demander si on a, ou si le patient a bien pris son médicament ? Contrairement à un blister de comprimés où le témoin de la prise est une alvéole vide, le témoin de la prise d’une dose de sirop en bouteille est…. le niveau restant dans la bouteille. Comment le mesurer pour être sûr ? La réponse à la question du témoin de la prise est tout naturellement la forme stick-pack. Après la prise, l’emballage vide constitue la preuve que la dose a été administrée, preuve de grande valeur pour la personne âgée qui a quelques soucis de mémoire, ou pour la maman stressée qui ne sait plus où elle en est avec le traitement de son enfant. Préservation du produit Contrairement à un flacon qui va être ouvert et refermé plusieurs fois, et ainsi capter à chaque manipulation l’air ambiant et sa charge de particules inertes ou vivantes, de l’oxygène et autres dégradants possibles, dans le stick-packs, le liquide n’est pas en contact avec l’air jusqu’à l’administration au patient. On a donc une forme plus stable dans le temps qui conserve beaucoup mieux ses propriétés organoleptiques. Absence ou diminution des conservateurs Le fait que le liquide oral va être conditionné dans un environnement propre (non stérile) dans un emballage individuel, permet de ne pas utiliser ou de diminuer la dose de conservateur(s). En effet, si la formule s’»autopréserve » dans son emballage fermé, nul besoin de conservateurs. Et si ce n’est pas le cas, il faudra l’aide d’une petite quantité qui suffira à éviter la croissance microbienne dans le stick-pack après fabrication, mais ne sera pas nécessaire à empêcher une contamination extérieure puisque la dose est ouverte extemporanément et administrée en une seule fois. Nul besoin de prévenir la rétro-contamination. Propreté microbiologique Le contenu du stick-pack reste propre du point de vue microbiologique jusqu’à l’utilisation, ce qui le différencie du flacon où le nettoyage du système de dosage n’est pas toujours optimal, et au cas où certains patients boiraient leur sirop directement au goulot …. entraînant une contamination microbienne répétée. Cette pratique n’est pas possible avec le stick-pack puisque le contenant, une fois ouvert, ne peut être réutilisé. Préservation de l’environnement Dans une étude présentée au salon de l’emballage Pharmapack à Paris en février 2012 Marc Maury, Directeur scientifique chez Unither établissait un différentiel de masse de matériau de conditionnement largement en faveur du stick-pack par rapport au flacon. En comparant un flacon de 200 ml de sirop et une boîte de 20 stick-packs de 10 ml éco-conçue, avec concentration de la formule pour réduire le volume de 15 ml à 10 ml par prise, on économise un tiers de la masse totale du produit (emballage, système de dosage et excipients). Avec une dose plus compacte, moins de masse à transporter signifie aussi proportionnellement moins de carburant utilisé et moins de déchets. Pas de gaspillage Au contraire du flacon de liquide buvable qui doit être consommé dans les semaines qui suivent son ouverture ou rapporté à la pharmacie pour les plus consciencieux, la dose unitaire de sirop, conservée dans les conditions de température indiquée, peut être consommée jusqu’à sa date de péremption. Une étude menée auprès de pharmacies a montré que qu’un tiers du sirop contenu dans un flacon ne sera pas utilisé. Une forme pharmaceutique adaptée aux styles de vie nomades Le travail, les déplacements, les voyages, la garde des jeunes enfants à la crêche ou chez la « nounou », autant de situations où emporter son flacon de sirop utilisé n’est pas très facile. Rien de plus simple avec le stick-pack. On prépare le nombre de stick-packs nécessaires. Ils représentent moins de poids que le flacon entamé, et en plus, on ne risque pas de le renverser ! Le point de vue de l’industriel : Comment penser le changement du flacon au stick-pack ? Pour l’industriel expert dans la mise en œuvre de la forme stick-pack, voici les différents points considérés : La concentration de la formule Pour les formes adultes, le volume administré est classiquement de 15 ml, soit la contenance (théorique) d’une cuiller à soupe. Si le produit le permet, on peut envisager la même quantité de principe actif délivrée dans un volume plus faible, réduisant ainsi la quantité d’excipients, notamment les excipients controversés (certains conservateurs, agents de solubilisation, sucre pour n’en citer que quelques-uns). Le choix du complexe, matériau de conditionnement du stick-pack La technologie « Form-Fill-Seal », utilisée pour le conditionnement en stick-packs, consiste à mettre en forme le stick autour d’un tube creux qui entoure la buse d’alimentation en liquide, et à sceller ses bords en même temps que le stick-pack se remplit. Les films multicouches adaptés à ce type de conditionnement contiennent de l’aluminium qui assure un effet barrière qui protège le médicament liquide. Dans une approche d’éco-conception, on veillera à utiliser la couche d’aluminium la plus fine possible. Un élément important qui joue sur la stabilité du produit est la couche interne en contact avec le liquide. Il faudra sélectionner la couche interne ayant la meilleure compatibilité avec le contenu: PE (PolyEthylène) ou autre polymère. Un autre polymère, le PET (Polytéréphtalate d’éthylène) constitue la couche externe du complexe. Une étroite collaboration avec les fournisseurs de films est nécessaire afin de trouver pour chaque produit, le meilleur film, pour assurer la stabilité de la formule tout en ayant de bonnes propriétés de scellage du film et en permettant son ouverture par déchirement au niveau de l’ouverture, sans l’aide de ciseaux. Le process et l’équipement de remplissage le process qui consiste à former les tubes de complexes qui donneront les stick-packs, à les remplir et à les sceller doit être extrêmement rapide pour que les trois actions de formage, remplissage et scellage se fassent simultanément. On veillera à ce que le process ne crée pas de micro-fissures dans le film qui pourraient impacter la bonne conservation du produit. Pour rester compétitif par rapport au remplissage du flacon, une machine de remplissage haute cadence permet de rester compétitif par rapport au sirop en flacon. Unither, leader mondial de la forme stick-pack liquide. Unither est industriel de premier plan pour la forme stick pack liquide avec trois sites de fabrication de médicaments et de dispositifs médicaux en France, aux USA et au Brésil. Spécialiste du développement ou re-développement de formules et du choix du meilleur complexe en fonction des spécificités de la composition en principe actif et en excipients, Unither reste compétitif sur le stick-packs avec des prix comparables avec le flacon de contenance équivalente. Conclusion : le stick-pack et le flacon sont complémentaires mais la tendance à la sécurité de l’emploi des médicaments tend vers des formes pré-dosées et sans ou avec le moins de conservateurs possibles, et qui respectent l’environnement. —————————————————————————————– Christine Adam, pharmacien et diplômée de l’ESCP-EAP Paris est actuellement Responsable business development chez Unither et a exercé des fonctions de responsable marketing, responsable import/export des médicaments pour essais cliniques et business developer au sein de plusieurs CDMO (Créapharm, IDPS) présents sur tout la chaîne du développement jusqu’à la fabrication commerciale du médicament.